Les documentaires, c’était pour moi une affaire de télévision. Je les regarde tard le soir. Ils m’apprennent des choses. Ils me révoltent parfois. Ils me font découvrir des vies à mille lieues de la mienne. Pour moi, le docu, c’était ça. Une affaire entre l’écran, ma télécommande et moi.
Mais je découvre aussi les festivals de Documentaires.
En fouillant un peu, je me suis lancée à la conquête de la carte de ce territoire inconnu. J’ai commencé à dessiner les contours d’un monde bien plus riche que prévu.
Premier arrêt : les poids lourds.
Il y a les noms qui impressionnent. Ceux qu’on entend dans les conversations des gens sérieux bien sérieux. De ceux à qui on répond avec un sourire et hochement de tête pour éviter de dire une bêtise.
Le Cinéma du Réel, à Paris. La grande messe parisienne, m’a-t-on dit. Le genre d’endroit où on dissèque le réel avec des mots compliqués. Ça me semblait un peu intimidant. Peut-être même un peu trop intello pour un simple documentaire.
Il y Lussas, en Ardèche. Les Etats Généraux du film documentaire , pour être précise. Là, l’ambiance serait différente. Plus détendue, façon colo de cinéphiles. On m’a évoqué des débats passionnés sous les étoiles. L’idée me plaît. C’est le côté laboratoire. On y pense les films autant qu’on les regarde.
Il y a aussi le FIPADOC à Biarritz. Le grand marché professionnel ressemble aussi à une fête. On y trouve de tout. Du sport, de la musique, de l’histoire. C’est plus accessible. Plus pop, peut-être. Mais c’est aussi là que se négocient les diffusions et que se créent les réseaux.
Et puis Sunny Side of the Doc à La Rochelle. Le grand marché européen du documentaire. Plus business, plus international. C’est là que l’industrie se rencontre.
Ces quatre-là, ce sont les capitales. Les points de repère sur la carte. On me les dit incontournables. À éplucher leurs programmations, il est évident que c’est du lourd.
Cependant les voyages les plus intéressants commencent parfois sur les routes secondaires, non ?
Deuxième étape : les chemins de traverse.
Fini les « si on n’y a pas été, on a rien vu ». J’ai plus entendu : « attends, là tu vas te prendre une claque ». J’ai découvert des festivals qui ne parlent pas « du réel ». Ils parlent d’un réel. Précis. Spécifique. Une niche.
J’ai trouvé Caméras des Champs. Un festival sur les agriculteurs. Ma première pensée ? « Sérieux ? » Et puis j’ai lu. J’ai compris que ça parle de gens. De leurs vies. De leurs doutes. De la terre. Des sujets finalement très loin de moi, mais qui deviennent concrets. Ce n’est plus un concept. Ce sont des visages.
Après, je suis tombée sur le Festival de l’Oiseau et de la Nature. Encore une fois, j’ai souri. Je m’imaginais des films lents. Des heures de piafs dans les arbres. Et puis non. J’ai compris l’urgence. La beauté fragile. L’image n’était pas juste jolie. Elle me criait quelque chose sur le monde où je vis. Ça m’a cueillie.
Mon exploration est devenue un jeu de piste.
Le plus drôle ? Le festival On Vous Ment !. Un festival de faux documentaires. Des menteurs professionnels ! J’ai adoré l’idée. C’est malin. Ça nous apprend à regarder les infos différemment. À se méfier des belles histoires. On se fait tous avoir, non ? Ce festival, c’est comme un cours d’autodéfense pour le cerveau.
Enfin, il y a eu le Festival Jean Rouch. Ça sonne bien ! On s’attend à des cours d’ethnologie. Mais en creusant, la démarche est simple. Juste regarder l’autre. Vraiment. Sans le juger. Essayer de comprendre une culture, un mode de vie. C’est peut-être la chose la plus importante aujourd’hui.
J’ai aussi découvert Traces de Vies à Clermont-Ferrand. Des documentaires sociaux qui regardent la société d’aujourd’hui sans détour. Le Corsica.Doc à Ajaccio, qui aura en 2025 une thématique « Tourismes ». Les Rencontres du Film de Montagne à Grenoble, pour ceux qui aiment les sommets. Et le FIGRA au Touquet, dédié au grand reportage audiovisuel. Il y en a bien d’autres que vous trouverez sur cette page en cherchant « documentaire »
Dernière escale : ce que j’emporte dans mon sac.
Alors, à quoi ça sert, un festival de docu ?
Je crois que j’ai compris quelque chose.
Les grands festivals sont des encyclopédies. Ils montrent toute l’étendue du savoir. C’est essentiel. Mais c’est un peu écrasant. Je m’en ferai mon opinion sur place lorsque je le pourrai.
Les festivals de niche sont des conversations.
Chaque festival est un club. Le club de ceux qui s’inquiètent pour la planète. Le club de ceux qui aiment la vie à la campagne. Le club de ceux qui se méfient des médias. C’est un endroit pour être avec des gens qui vous ressemblent ou pas. Mais qui vont parler le même langage. Pour partager une passion précise.
On n’y va pas pour tout voir. On y va pour voir ce qui nous touche. Pour approfondir un sujet. Pour ne plus être seule avec ses questions.
Au fond, j’ai réalisé qu’un festival, ce n’est pas une salle de cinéma. C’est une question posée au monde. Et on y va pour chercher des débuts de réponse. Ensemble. Et ça, mon canapé ne pourra jamais me l’offrir.
- Cet article fait référence au festival Cinéma du réel – Festival international de films documentaires.
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