Je suis devant le cinéma, cb à la main. Dans ce complexe moderne, le ticket coûte un peu plus de 12,50 € à plein tarif. Il me faut débourser 9,5 € avec mon tarif étudiant. Comme d’habitude. Une question me traverse l’esprit. Une question toute simple. Mais où va cet argent, au juste ? Qui touche quoi sur mon billet ?
Une petite parenthèse, en poussant la recherche je découvre que le prix moyen d’un billet en France est de 7,42€ en 2024!
Un Calcul Simple
Le prix moyen est le total des recettes annuelles divisé par le nombre total de billets vendus. Il ne représente pas le prix d’un billet standard.
Toutes les Réductions Comptent
Ce calcul inclut les tarifs réduits (étudiants, seniors), les cartes d’abonnement et les offres spéciales comme la Fête du Cinéma.
Les Abonnements Illimités
Les cartes illimitées font drastiquement chuter la moyenne, car le coût par séance devient très faible pour les spectateurs assidus.
Revenons à mes 9,50 €. J’ai toujours imaginé un partage assez simple. Un peu pour le cinéma, le reste pour le film. Logique, non ? Eh bien, j’ai décidé de creuser un peu et aussi faire un peu creuser. Et je peux vous dire que la réalité est bien plus folle. Accrochez-vous, on plonge dans les coulisses de notre ticket de cinéma.
Pas de surprise : il y a des taxes.
Avant même de parler de film, l’État se sert. Bon, ça, ce n’est pas un scoop. Il y a la TVA. Mais pour le cinéma, elle est à un taux réduit de 5,5 %. Un coup de pouce pour la culture.
Là où l’on revient au financement du cinéma, c’est avec la deuxième taxe. La TSA, pour Taxe Spéciale Additionnelle. Son petit nom est un peu technique, je vous l’accorde. Nous en avons déjà parlé lorsque nous avions évoqué le financement du cinéma français. Elle prélève environ 10,72 % sur le prix hors taxe. Cet argent ne file pas dans le budget général de l’État. Non, il est collecté par le Centre National du Cinéma (le CNC).
Et le CNC, avec ce trésor de guerre, fait quoi ? Il finance d’autres films français. C’est un système de pot commun. Quand je vais voir le dernier blockbuster américain, une partie de mon billet sert à financer le prochain film d’auteur français. En gros, Spider-Man donne un coup de main à un jeune réalisateur qui débute. Je suis devenue une micro-investisseuse sans même le savoir.
Le cinéma : merci le pop-corn !
Une fois les taxes payées, on partage ce qui reste. C’est ce qu’on appelle la « Base Film ». On pourrait croire que le cinéma qui me projette le film prend la plus grosse part. Après tout, il paie le loyer, l’électricité, le personnel.
En réalité, sa marge sur mon billet est très faible. Il partage la recette avec le distributeur du film. Souvent, c’est autour de 50/50 la première semaine. Alors, comment survit-il ? La réponse est sous notre nez. Le pop-corn, les boissons, les bonbons. C’est là que le cinéma fait sa vraie marge. D’une certaine manière, mon paquet de pop-corn subventionne le prix de mon billet. La prochaine fois, je le mangerai avec plus de respect.
Le long voyage vers le créateur du film.
La part restante revient donc au distributeur. C’est l’acteur le plus mystérieux de l’histoire. Son rôle ? C’est lui qui fait le lien entre le producteur et le cinéma. Il organise toute la sortie du film. Il paie pour les affiches dans le métro, les bandes-annonces à la télé, la pub sur les réseaux. C’est un pari énorme. Car il dépense tout cet argent avant même que j’aie acheté mon billet. Si le film est un flop, il perd sa mise.
Le distributeur se rembourse donc en premier sur la part qui lui revient. Il prend aussi une commission pour son travail.
Et tout au bout de cette longue chaîne, il y a le producteur. Celui qui a eu l’idée, qui a trouvé l’argent pour faire le film. Ce qui lui revient, c’est ce qu’on appelle les RNPP (Recettes Nettes Part Producteur). Avec cet argent, il doit rembourser tous les investisseurs : les chaînes de télé, les régions, les fonds privés. Souvent, le producteur est le dernier à se payer.
Un film qui fait des millions d’entrées n’est pas forcément rentable. C’est fou de se dire ça. Le décalage entre le succès médiatique et la réalité économique est parfois immense.
Le prix de mon ticket décortiqué.
Pour faire simple, partons d’un prix auquel j’ai acheté mon ticket et regardons ce que cela comprend (faites bouger le curseur pour tester avec votre prix d’achat).
Taxes & Prélèvements
TVA, contribution au CNC (TSA) et droits musicaux (SACEM).
Exploitant de la salle
Salaires, loyer, électricité et entretien du cinéma.
Distributeur du film
Marketing, promotion et acheminement des copies.
Producteur du film
Rémunération des équipes, acteurs et post-production.
Moins d’un tiers du prix initial pour ceux qui ont créé l’œuvre. Mon cerveau a un peu chauffé, je l’avoue. Je n’imaginais pas une telle complexité, et en plus c’est très simplifié.
Maintenant, quand je tendrai ma carte bleue, je ne verrai plus un simple ticket. Je verrai un écosystème entier. Un mécanisme fragile et solidaire. Et je me dirai que mon achat participe à tout ça. Finalement, mon billet de 9,50 €, c’est bien plus qu’une place de cinéma. C’est un acte de participation à cette fameuse « exception culturelle ».
Bon, j’ai fait dans la grande simplification.
Si vous voulez tout savoir sur comment se décompose en détail la répartition du prix d’un ticket de cinéma, Plongez vous dans : Billet de Cinéma : Audit de la Chaîne de Valeur en France.
Si vous voulez tout savoir sur le financement du cinéma français : Le Financement du Cinéma Français à la Croisée des Chemins