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Le Festival du Film de Lama : le cinéma sous les étoiles corses

Je n’y suis jamais allée, mais je me dis qu’il y a des endroits sur terre où le temps s’arrête. Lama, c’est ça. 160 habitants, perché dans la Balagne corse. Et en bonus, aujourd’hui, un festival de cinéma international qui démarre sa 31ème édition.
J’avoue, ça me fait rêver cette histoire.

Un pari complètement fou

En 1994 village de moins de 100 habitants décide d’organiser un festival de cinéma. Sans salle de cinéma, évidemment. Mathieu Carta et Simon Baccelli, les fondateurs, avaient cette folie douce des visionnaires. Une course pour sauver leur village qui risquait la disparition.
Imaginez la scène. « On va faire venir des films internationaux dans notre village corse ! » Les gens ont dû les regarder bizarrement. Et pourtant !
Trente et un ans plus tard ? 70 films par édition. 10 000 spectateurs sur la semaine. Le pari fou est devenu évidence.

Emilie Dequenne, notre étoile

Cette année, le festival porte un nom : Emilie Dequenne. Cette « étoile amie » qui a incarné des femmes vraies, fortes, complexes. Pas des poupées, des personnages qui respirent.
Rosetta des frères Dardenne, vous vous souvenez ? Cette gamine de 17 ans qui décrochait la Palme d’Or en 1999. Voilà l’esprit Lama résumé en une actrice.

Quatre lieux, quatre ambiances

La Piscine, c’est le grand amphithéâtre. 700 à 900 places sous les étoiles. C’est là qu’on découvre les pépites. Amrum de Fatih Akin. Un simple accident de Jafar Panahi. Sirat d’Oliver Laxe.

Le cinéma français aussi a sa place. Classe Moyenne d’Antony Cordier ouvre le bal. Nino de Pauline Loquès. Le Mohican de Frédéric Farrucci. Dites-lui que je l’aime de Romane Bohringer.

Et puis ce moment magique : Les Dents de la Mer à 23h le 30 juillet. Parce que ce Spielberg sous les étoiles corses, dans le maquis, ça change tout.

L’Umbria, c’est l’intimité. 110 places max, nichée dans les ruelles. Pour les films qui demandent le silence. Fantôme Utile du Thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke. Oui de l’Israélien Nadav Lapid.

U Mercatu, c’est le royaume des enfants. Coussins, oreillers, films d’animation. Flow, Le Secret des mésanges, Shaun le mouton. L’apprentissage du cinéma en douceur.

Casa di Lama, ce sont les documentaires qui défilent. Ritratti corsi, Roma Ind’e Noi, Paysans en voie d’extinction. Le regard sur le monde, souvent corse.

Plus qu’un festival

Ce qui me touche aussi dans ce festival ? Cette évolution vers la création. L’atelier d’écriture avec Ludovic Pion-Dumas. L’atelier réalisation pour enfants qui aboutit à une vraie projection. La masterclass de Gabriel Le Bomin.
Lama ne se contente plus de montrer. Il forme. Il accompagne.
L’atelier chants « LAMA-GIE » va même créer un chœur éphémère dans l’église San Lurenzu. Parce que le cinéma, c’est aussi faire dialoguer les arts. Et puis la Corse sans chant serait-elle encore la Corse ?

L’esprit du lieu

Mais bon, ce qui donne aussi  à Lama une forme de puissance, c’est autre chose. Cette convivialité authentique. Ces moments « sous le platane » chaque matin. Les équipes des films qui viennent papoter avec le public. Et vous vous doutez bien qu’à force de pointer cet esprit sur tous les festivals qui le pratiquent, c’est que j’aime celà.

Pas de barrières. Pas de protocole. Juste cette envie de partager.

Jean-Baptiste Hennion, le directeur technique, a créé un écrin technologique de niveau international. Dans un village de 160 habitants ! Le festival fut l’un des premiers après Cannes à passer au numérique. Bon, plus d’Argentique certes, mais, trouver les bobines, les projeter, est un tel exploit que cela se comprend (Cf Redessan).

Il m’a été dit qu’il y avait même une petite obsession de l’excellence technique dans ce cadre bucolique. C’est probablement aussi ça, l’âme de Lama.
Le réalisateur corse Thierry De Peretti l’a dit : les projections à Lama sont « les plus belles au monde ». Techniquement parfaites, humainement inoubliables.

Cette « utopie concrète » continue de défier toutes les logiques. Un village perdu qui attire les regards du cinéma mondial.

Rendez-vous maintenant

Pour résumer et revenir à l’essentiel, du 26 juillet au 1er août, direction Lama. Ce petit paradis de Balagne vous attend pour une semaine où le cinéma redevient ce qu’il doit être : une expérience totale.
Avec Emilie Dequenne comme guide et une programmation qui mélange les pointures internationales aux découvertes, cette 31ème édition démarre aujourd’hui.
Certains festivals racontent des histoires. À Lama, sous les étoiles corses, on les vit.
Prenez vos pulls (les nuits peuvent être fraîches). Prenez votre curiosité. Et laissez-vous porter par cette magie particulière du cinéma en plein air corse.

Parce que franchement, il y a des expériences qu’on n’oublie pas. Lama en fait partie, et hélas je ne la vivrai pas.

Si vous souhaitez mieux connaitre ce festival et son histoire, c’est ici : Utopie Cinématographique et Ancrage Corse

À propos du festival :
Cet article fait référence au Festival du film de Lama.

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