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La petite histoire des festivals de cinéma : une question de prestige et de résistance (Partie 1)

Fragment 1 : Le coup de sang fondateur

Alors voilà, je me suis penché sur l’histoire des festivals de cinéma en France. Et pour être honnête, je m’attendais à une origine purement artistique, un élan lyrique de cinéphiles. C’est une vision assez juste, mais incomplète. La vérité, c’est que ça commence par une claque, un acte de défi. On est en 1938, à la Mostra de Venise, et l’ambiance est, disons, plombée. Sous la pression d’Hitler et Mussolini, le palmarès est trafiqué pour récompenser des films de propagande nazie. Imaginez la scène. Le jury est obligé de s’incliner. Scandale. Dans le train du retour, un diplomate et historien français, Philippe Erlanger, fulmine et a une idée : pourquoi ne pas créer un festival concurrent, un festival du « monde libre » ? C’est donc de cette colère, de ce sursaut politique, qu’est né le Festival de Cannes. Ce n’est pas simplement une célébration de l’art, mais un geste de résistance. Une sorte de pied de nez monumental. Et cette démarche, de comprendre non pas l’événement en soi, mais l’expérience qui le fait naître, est finalement très parlante.

Fragment 2 : Le faux départ

Le plus savoureux dans cette histoire, c’est que ce grand élan a fait un flop monumental au démarrage. Tout était prêt pour une première édition le 1er septembre 1939. La ville de Cannes avait été choisie après une lutte acharnée avec Biarritz. On avait déjà l’affiche, le président d’honneur (Louis Lumière, excusez du peu) et des films comme Le Magicien d’Oz en sélection. On rêvait déjà d’une « Hollywood européenne ». Roulement de tambour… Le jour même de l’inauguration, l’Allemagne envahit la Pologne. Le festival est annulé. Rideau. La guerre passe par là, et la première véritable édition n’aura lieu qu’en 1946, dans une France exsangue qui financera l’événement grâce à une souscription publique. Ce n’est donc pas une histoire lisse et polie, mais une succession de hasards, de drames et de volontés acharnées.

Fragment 3 : L’esprit de contradiction

On pourrait croire que Cannes a tout de suite imposé son modèle. Mais ce serait mal connaître l’esprit de contradiction bien français. Très vite, ce grand festival d’État, jugé trop officiel, a été critiqué. Les réseaux de cinéphiles de l’après-guerre voulaient autre chose : des festivals pour les films audacieux, innovants, ceux qui bousculent. C’est dans cet esprit qu’est né en 1949 le « Festival du film maudit », parrainé par Jean Cocteau. Rien que le nom est une œuvre d’art, vous ne trouvez pas ? C’est une petite touche de détail qui en dit long, une description presque « pointilliste » d’une époque. J’écris ça et je me rends compte que je ne fais pas que relater des faits, j’essaie de comprendre l’impulsion derrière. C’est une écriture comme méthode de découverte, finalement.

Fragment 4 : La multiplication des chapelles

Après cette première fronde, le paysage s’est diversifié. Les années 60 et 70 ont vu une véritable éclosion de festivals. Chacun avec sa chapelle, son crédo.

  • Annecy (1960) : Consacré au cinéma d’animation, il s’est imposé comme le rendez-vous mondial du genre.
  • La Rochelle (1973) : Celui-ci se distingue par son refus de la compétition. Pas de prix, pas de palmarès. Une singularité qui privilégie la comparaison à la confrontation. C’est l’anti-Cannes par excellence, un festival pour le plaisir pur de la découverte.
  • Clermont-Ferrand : Aujourd’hui, c’est la plus grande manifestation au monde dédiée au court métrage. En termes de fréquentation, c’est même le deuxième festival de France après… Cannes, évidemment.

Cette structure est « rhapsodique » ; une série de vignettes liées par ce thème de la passion du cinéma, mais chacune avec son propre ton, sa propre énergie. En me penchant sur mon propre processus de découverte, l’écriture devient elle-même le sujet, autant que les festivals. C’est un dialogue avec moi-même autant qu’avec vous.

Sources principales :

Franceinfo – « Pourquoi le Festival de Cannes a-t-il été créé ? »
Fresques INA – « La première édition du Festival de Cannes en 1946 »
Le Monde – « Le cinéma d’auteur, une histoire de festivals »
Site officiel du Fema La Rochelle
Site officiel du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand

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