Cliquer sur « Play » pour lancer le dernier blockbuster nous prend une seconde. Mais pour en arriver à cette simplicité, il a fallu plus d’un siècle d’inventions folles, de génies créatifs et de révolutions spectaculaires.
J’essaie d’imaginer cette magie à ses débuts, quand elle n’était encore qu’une attraction de foire, et je me demande comment on a bien pu faire tout ce chemin.
Silence sur le plateau ! Moteur…Ça tourne ! Scène 1, prise 1… (CLAP) Action !
Le « Big Bang » et le premier magicien
Tout a commencé ici, en France, en 1895. Quand les frères Lumière ont montré leur Cinématographe, leur premier film n’était qu’une simple sortie d’usine. L’effet a pourtant été immense. La légende dit même que des spectateurs se sont enfuis en voyant un train leur foncer dessus à l’écran. C’était sans doute le tout premier effet immersif de l’histoire. Mais celui qui a vraiment compris que le cinéma pouvait nous emmener ailleurs, c’est Georges Méliès. Avec son Voyage dans la Lune de (1902), il a tout simplement inventé les effets spéciaux et le film de science-fiction. C’était un peu le Avatar le la Belle Époque.
Le grand silence ? Pas si sûr !
On parle de l’âge d’or du « muet », mais je crois que le mot est trompeur. Les salles, en réalité, n’étaient jamais silencieuses. Il y avait toujours un pianiste, parfois un orchestre entier ou un bruiteur pour accompagner les images. C’est à cette époque qu’émergent les premières superstars mondiales. Charlie Chaplin, avec son personnage de Charlot, devient une icône capable de faire rire et pleurer le monde entier sans dire un mot. À ses côtés, des casse-cous comme Buster Keaton réalisent des cascades insensées, bien avant Tom Cruise. Des sketchs très courts, visuels, universels… un langage qui, finalement, nous parle encore.
La voix qui change tout (et ruine des carrières)
Puis, en 1927, tout a basculé. Une simple phrase dans Le Chanteur de Jazz : « Attendez un peu, vous n’avez encore rien entendu ! ». C’est le choc. Le cinéma parlant est né, et ce fut un vrai chaos. Je pense à toutes ces stars du muet dont la carrière s’est arrêtée net, à cause d’une voix jugée « criarde ». Ou à ces caméras si bruyantes qu’on devait les enfermer dans d’immenses boîtes insonorisées. Pour une vision parfaite et hilarante de cette transition, jetez-vous sur le chef-d’œuvre Chantons sous la pluie (1952) qui le raconte à la perfection.
L’usine à rêves et la révolution de la couleur
Une fois le son apprivoisé, Hollywood a connu son âge d’or. Des studios comme MGM ou Warner Bros. sont devenus de véritables « usines à rêves ». Le mot est juste, je trouve, car il évoque autant la magie que le côté industriel : les acteurs sous contrat, les genres produits en série comme les westerns ou les comédies musicales. Et au milieu de tout ça, une nouvelle magie, le Technicolor, a fait exploser les couleurs dans des films comme Le Magicien d’Oz. Le cinéma n’est plus seulement un art, c’est une industrie glamour qui fascine la planète.
La rébellion des caméras
Forcément, après l’usine, il fallait bien que quelqu’un ouvre les fenêtres. Ce vent de liberté a soufflé dans les années 60. En France, des réalisateurs comme Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou François Truffaut en ont marre des studios et des règles. C’est la Nouvelle Vague. Ils ont pris des caméras plus légères pour filmer dans la rue, cherchant un cinéma plus spontané, plus proche du réel. Le film À bout de souffle (1960) de Godard, avec son montage si particulier et saccadé, a cassé les codes sur son passage et son énergie continue d’influencer les cinéastes. Les réalisateurs étaient devenus les nouvelles stars.
L’ère des géants et des pixels
En 1975, un jeune réalisateur nommé Steven Spielberg terrorise le monde avec Les Dents de la Mer. Deux ans plus tard, George Lucas nous a emmenées dans une galaxie lointaine, très lointaine avec Star Wars. Ces deux films n’ont pas seulement eu un succès fou : ils ont inventé le blockbuster d’été, avec son marketing de masse et ses produits dérivés. La dernière grande révolution, celle qui a forgé mon regard, est numérique. C’est en 1993 que Jurassic Park rend les dinosaures plus vrais que nature grâce aux images de synthèse (CGI). Puis, en 1995, Toy Story a lancé l’animation 3D et a, d’une certaine manière, signé la fin du dessin animé traditionnel.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, le cinéma est partout, presque dans nos poches. Entre les super-héros Marvel, les plateformes qui nous donnent accès à des films du monde entier et les technologies comme la réalité virtuelle qui se dessinent, l’histoire est loin d’être terminée. Je me dis parfois que le prochain chapitre, c’est peut-être l’un d’entre nous qui l’écrira avec un simple smartphone.
Alors, la prochaine fois que nous lancerons un film, nous nous souviendrons du chemin parcouru. Ça rend le pop-corn encore meilleur !