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Bergues : La plus belle punition de France

Une punition est parfois la meilleure chose qui puisse nous arriver. On croit être envoyé au purgatoire. On se retrouve finalement au paradis. C’est la mésaventure heureuse de Philippe Abrams, le héros de Bienvenue chez les Ch’tis. Ce directeur de la Poste du sud de la France est muté pour faute à Bergues, dans le Nord. Pour lui, c’est un exil en Sibérie. Il imagine le froid. La pluie. La misère. Il s’attend au pire. Il va trouver le meilleur (même si le froid et la pluie sont au rendez-vous). Ce film n’est pas seulement une comédie. C’est l’histoire du plus célèbre des heureux hasards. L’histoire d’une petite ville qui, grâce à un film, est devenue le refuge de tout un pays.

La France est une terre de clichés. Chaque région a le sien. Et le Nord tenait le haut du pavé. C’était le pays des mines de charbon, du chômage et d’un ciel gris permanent. Un endroit où l’on ne va jamais par plaisir. Le génie de Dany Boon a été d’embrasser cette caricature. Il nous fait d’abord voir Bergues à travers les yeux terrifiés d’Abrams. La première rencontre avec son futur collègue, Antoine Bailleul, est un monument de quiproquos linguistiques. On rit de la peur d’Abrams. On rit parce que ses préjugés sont aussi les nôtres. Le film nous tend un miroir. Puis, il le brise en mille morceaux avec une arme redoutable : la gentillesse.

Le choix de Bergues est essentiel. Dany Boon n’a pas pris une grande ville industrielle. Il a choisi une cité au style flamand pleine de charme. Une ville de briques rouges, de canaux et de rues pavées. Son beffroi, classé au patrimoine de l’UNESCO, est le cœur battant de la ville et du film. Boon voulait un endroit dont on puisse tomber amoureux. Et ça a marché. Bergues est devenue la star du film. La Poste (une vraie, juste redécorée pour le tournage), le pont sur lequel Abrams goûte sa première fricadelle, la sonnerie du carillon… Chaque lieu est devenu iconique. Bergues n’était plus un décor. Elle était la preuve que le Nord pouvait être magnifique.

Le succès du film a été un raz-de-marée. Plus de vingt millions de spectateurs. Pour Bergues, ce fut un tsunami. La ville, qui accueillait à peine quelques milliers de touristes, a vu débarquer des centaines de milliers de visiteurs. L’office de tourisme a dû s’adapter en urgence. Il a créé le « Ch’ti Tour », un parcours qui guide les fans sur les lieux du tournage. C’est devenu une institution. Des boutiques de souvenirs ont poussé partout. La friterie du film est devenue un passage obligé. Mais l’impact le plus fort n’est pas économique. C’est la fierté. Le film a réhabilité l’image de toute une région. Il a transformé une source de moquerie en un motif de fierté. Il a donné raison au proverbe local : « Quand on vient dans le Nord, on pleure deux fois : quand on arrive et quand on repart. »

Bienvenue chez les Ch’tis est bien plus qu’une comédie. C’est un phénomène de société. Un film qui a utilisé le rire pour bâtir un pont entre le nord et le sud de la France. Il a prouvé qu’il suffisait parfois de pousser une porte, de boire une chicorée et de tenter de dire « cheu » au lieu de « ce » pour abattre les murs les plus solides. Ceux que l’on a dans nos têtes. Et il a montré à tout un pays que le lieu le plus chaleureux du monde est parfois celui qu’on imaginait le plus froid.

Et puis j’ai appris quelque chose de fondamental. J’ai appris à dire “Cha va biloute ?”. Et toi ?

Bienvenue chez les Ch'tis

Film : Bienvenue chez les Ch’tis
Sortie : 2008
Réalisateur : Dany Boon
Acteurs Principaux : Kad Merad, Dany Boon, Zoé Félixe
Genre : Comédie

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