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Angoulême, Clap 18ème : Plus qu’un festival, un rendez-vous.

Il y a des rendez-vous qui rythment l’année. Pour les passionnés de cinéma francophone, celui de la rentrée se passe à Angoulême. Le FFA, ce n’est pas seulement une succession de projections ; c’est une atmosphère, une sorte de pouls de la création actuelle. Chaque édition laisse sa propre trace, et alors que la 18ème se profile, je me suis replongée dans ce qui fait la saveur si particulière de ce festival.

Un regard sur 2024, entre drame et mélancolie douce

L’année dernière, la 17ème édition avait battu des records d’affluence. Une foule dense, mais une énergie palpable. Le palmarès, lui, n’était pas forcément à l’image d’une grande fête exubérante. Il a plutôt récompensé des films qui marquent et qui questionnent. On se souvient de « Vingt Dieux » de Louise Courvoisier, un drame social qui a reçu le Valois de Diamant. Un de ces films « coup de poing » qui vous laisse songeuse bien après le générique. À côté, « À Bicyclette ! » de Mathias Mlekuz, une comédie dramatique, avait su toucher le public en plein cœur, prouvant que le festival sait aussi parler à travers des récits plus doux-amers. C’était une édition qui reflétait bien la complexité du cinéma : capable de nous bousculer comme de nous offrir des moments de tendresse.

2025 : Diane Kruger, le Québec et le temps qui passe

Alors, que nous réserve cette 18ème édition, du 25 au 30 août 2025 ? D’abord, un visage : celui de Diane Kruger, qui présidera le jury. Ce choix est tout sauf anodin. On pourrait simplement dire qu’elle aime le cinéma d’auteur, mais ce serait une formule un peu facile. Son parcours parle pour elle. Quand on choisit de tourner avec des réalisateurs comme Fatih Akin, qui lui a valu un prix d’interprétation à Cannes pour le très dur « In the Fade », ou avec des figures comme David Cronenberg et Quentin Tarantino, ce n’est pas un hasard. C’est la marque d’une actrice qui cherche la complexité et le défi, bien au-delà du glamour. Un gage de qualité pour la compétition à venir.

Autour d’elle, un jury aux profils variés se dessine, promettant des délibérations intéressantes : on y trouvera le réalisateur belge Fabrice Du Welz, la chanteuse Imany , l’acteur Patrick Mille , l’actrice québécoise Sara Montpetit, la critique Fabienne Pascaud et le comédien Simon Thomas .

L’autre cap fixé par le festival, c’est le Québec. Un hommage sera rendu à son cinéma, et plus particulièrement au réalisateur Denys Arcand. J’ai découvert il y a peu l’un de ses films les plus connus, « Les Invasions barbares ». Le qualifier de chef-d’œuvre serait peut-être excessif aujourd’hui. C’est un film qui a marqué son époque, le début des années 2000, et même s’il a un peu vieilli, me semble-t-il, sur certaines références, sa pertinence reste troublante. Les thèmes qu’il aborde – la faillite des systèmes de santé, les relations familiales qui se renouent face à la maladie, le sens que l’on cherche dans une société en perte de repères – résonnent toujours aussi fort. Il a ouvert une voie dans la façon de filmer la fin de vie, et c’est cette trace, encore sensible en 2025, que le festival choisit de mettre en lumière.

La sélection est tombée : premiers regards curieux

Le voile est levé. La sélection 2025 s’annonce dense et plurielle, un miroir de la diversité du cinéma francophone. Le festival s’ouvrira avec « La Femme la plus riche du monde » de Thierry Klifa et se clôturera avec « C’était mieux demain » de Vinciane Millereau. Entre les deux, une compétition qui intrigue. Mon regard se porte sur des titres comme « Furcy, né libre » de Abd Al Malik, qui promet un récit historique fort, ou encore « Les Invertueuses » de Chloé Aïcha Boro, dont le sujet m’interpelle déjà. La compétition inclut également « Les enfants vont bien » de Nathan Ambrosioni, « Fanny » du québécois Yan England ou « Le gang des amazones » de Mélissa Drigeard.

Mais Angoulême, ce sont aussi les fameuses avant-premières, toujours très attendues. Cette année ne fait pas exception, avec une liste qui donne envie de poser sa semaine pour ne rien rater. On y trouve par exemple le premier film en tant que réalisatrice de Joséphine Japy, « Qui brille au combat », ou encore « Bonne étoile » de et avec Pascal Elbé. C’est cette richesse qui définit le festival : la possibilité de passer d’un drame social signé Laurent Herbiet (« Chroniques d’un indic ») à une comédie comme « La pire mère au monde » de Pierre Mazingarbe, tout en découvrant un film d’animation avec « La Vie de château ». La promesse de belles découvertes, bien avant leur arrivée en salles.

Pourquoi Angoulême est un festival différent

Au fond, si le FFA touche autant, c’est peut-être par sa capacité à rester, comme le disent ses fondateurs, « populaire et subtil ». Ce n’est pas une forteresse inaccessible, mais un lieu de dialogue. Un baromètre des succès à venir, certes, mais surtout un espace où l’on prend le temps de la découverte. L’écriture devient ici une façon de comprendre, de démêler les impressions laissées par un film, par une rencontre.

C’est cette démarche que je trouve passionnante. Angoulême n’invite pas seulement à voir des films, mais à réfléchir à ce qu’ils disent de nous et de notre monde. Et c’est sans doute pour ça qu’on y revient.

À propos du festival :
Cet article fait référence au Festival du Film Francophone d’Angoulême.

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